7e colloque du REIACTIS : trajectoires de vieillissements
Lecture : 6 minutes
En 2008, la Région Wallonne adopte un décret de lutte contre la maltraitance des personnes âgées définissant les missions de Respect Seniors (dénommée aussi comme l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance envers les aînés), dont les activités entreront en vigueur en 2009.
En cette même période (2010), le Québec se dote d’un plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées. L’une des quatre actions de ce premier plan consistera à créer une Chaire universitaire en vue d’accroître les connaissances sur la prévention, le dépistage et les interventions qui permettent de contrer la maltraitance envers les personnes aînées. Depuis lors, Respect Seniors et la Chaire de recherche sur la maltraitance des personnes aînées entretiennent d’étroits liens favorisant les échanges de pratiques.
C’est dans ce contexte de partenariat, que nous avons été sollicités pour participer au 7ème colloque REIACTIS à Montréal dans le but de co-organiser le pré colloque du 3 juin, mais aussi d’intervenir dans le cadre du symposium intitulé “L’inclusion des personnes aînées et d’autres parties prenantes afin de contrer la maltraitance en milieux de vie collectifs” et qui était dédié à la maltraitance envers les aînés.
Cette participation privilégiée a notamment permis d’assister aux présentations de grandes qualités réalisées par les responsables et collaborateurs de la chaire de recherche. Autant de thématiques suscitant le partage de nos expertises respectives en matière de lutte pour contrer la maltraitance et de promotion de la bientraitance.
Encore merci à Marie Beaulieu, Mélanie Couture et Roxane Leboeuf (Université de Sherbrooke, chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées - Canada) ainsi qu’à Marie-Eve Bédart et Mélisa Audet (centre collégial d’expertise en gérontologie du Cégep de Drummonville - Canada).
Intervention policière et lutte contre la maltraitance : regards croisés entre acteurs du Québec et de la Belgique !
Trois instances, le Service de police de la ville de Montréal, la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées et l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance (Respect Seniors, représentée par Nicolas Berg) ont permis conjointement de mieux comprendre la structuration des services belges et la spécialisation de certains acteurs ainsi que la façon dont la recherche est en dialogue constant pour éclairer les politiques et les actions. Les participants ont découvert divers outils, des acteurs de coordination et enfin les missions de prévention et d’accompagnement de Respect Seniors.
Le Québec, une approche inspirante !
Le 7ème colloque REIACTIS pose la question des « trajectoires d’avancement en âge qui sortent d’un modèle linéaire du vieillir ou d’un cheminement de vieillissement normé ou avantagé par différentes forces. La prise en compte de trajectoires de personnes aînées projetées dans une société et des territoires en mouvement change-t-elle ces perspectives d’inclusion et de reconnaissance ? »
Et c’est au cœur de ce rendez-vous international que Respect Seniors a eu la chance de partager son expertise mais aussi d’aller à la rencontre des acteurs incontournables du secteur du vieillissement et d’assister aux présentations des travaux les plus récents et centrés sur les enjeux de l’avancée en âge. Tant les aspects sociologiques, politiques, environnementaux, démographiques ont été mis en évidence que les aspects liés aux contextes et pratiques soutenant le vieillissement…
Car si l’accompagnement des seniors devient de plus en plus complexe avec l’avancée en âge du fait de la possible coexistence de problématiques psycho-médicosociales, cela signifie aussi que la population des seniors est plus à risque de vivre de la maltraitance.
Or lutter contre la maltraitance passe par la prévention de cette maltraitance mais aussi par la promotion de pratiques bientraitantes.
Ces rencontres internationales constituent en cela des opportunités immanquables pour Respect Seniors afin que ses pratiques répondent encore et toujours aux besoins d’un contexte en perpétuelle mutation.
Deux présentations en séance simultanée.
* Claire Bachelet (Respect Seniors (agence wallonne de lutte contre la maltraitance envers les aînés), Belgique)
La méthode VRAI (Valeurs-Respect-Accompagnement-Institution) : des représentations à la mise en œuvre des valeurs institutionnelles pour prévenir la maltraitance et promouvoir la bientraitance dans les maisons de repos en Wallonie.
La crise sanitaire a indéniablement ébranlé la vie institutionnelle : des aînés ont été traumatisés, nombre de professionnels ont connu une remise en question profonde du sens de leur travail liée à l’impossibilité de mettre en œuvre les valeurs sous-tendant le projet de vie institutionnel. Puisque le risque de devenir maltraitant est favorisé par l’impossibilité de traduire les valeurs en actions, le bien-être des résidents dépend de facto du bien-être des professionnels qui les accompagnent.
Prévenir la maltraitance et promouvoir la bientraitance passent donc par un questionnement des valeurs institutionnelles auprès de tous les acteurs de ces lieux de vie et de travail : aînés, professionnels et familles. La méthode VRAI, prévoit pour ces groupes, un temps dédié aux représentations que chaque individu a des valeurs de l’institution.
L’objectif est de conscientiser les différentes perceptions dans le respect de tous.
Un deuxième temps permet de réfléchir la mise en œuvre de ces valeurs par l’élaboration de projets participatifs concrets. Ensuite, il y a une mise en commun des différents groupes pour un ajustement autour de ces mêmes valeurs et la priorisation des actions à traduire sur le terrain.
Afin de pérenniser cette démarche réflexive, la méthode VRAI soutient l’institution dans la mise sur pied d’un comité de pilotage interne. Il est attendu que cet accompagnement amorce une réappropriation des valeurs institutionnelles et participe à améliorer la qualité de vie et de travail de tous.
A ce jour, plusieurs maisons de repos wallonnes se sont engagées dans le processus. Les premières rencontres évaluatives sont encourageantes et dégagent déjà des pistes pour le futur, notamment la plus-value d’inscrire ce travail sur les valeurs dans un cadre où les balises juridiques des droits des aînés constituent les fondations d’un chantier légitime pour lutter contre la maltraitance et promouvoir la bientraitance en institution.
Implication des notions d’âgisme et de vulnérabilité dans l’apparition de la maltraitance envers les aînés : analyses de situations issues du terrain belge.
L’allongement de l’espérance de vie a vu une série de problématiques psycho-médicosociales se surajouter au vieillissement physiologique et influencer le degré de vulnérabilité des personnes âgées.
Le regard âgiste de nos sociétés impacte aussi directement nos attitudes envers celles-ci. Ces aspects cumulés, en mettant à mal l’autodétermination de la personne âgée, exacerbent les probabilités de maltraitance.
Quand et comment intervenir alors dans le cadre : (1) de situations où la vulnérabilité ne s’installe qu’au cours du vieillissement ; (2) de vulnérabilités inchangées avec l’avancée en âge ; (3) d’une vulnérabilité préexistante mais amplifiée par l’avancée en âge ?
Ces questionnements peuvent ainsi s’appliquer aux situations de handicap, de violences intra-familiales ou encore de santé mentale antérieures au processus de vieillissement. Les liens entre maltraitance, vulnérabilité et âgisme sont en effet complexes et soulèvent une série de questions : l’âgisme est-il un facteur de risque de maltraitance, une forme de maltraitance à part entière, ou encore les 2 à la fois ?
Quant à la vulnérabilité, est-elle cause ou conséquence de la maltraitance et comment vient-elle moduler l’impact des attitudes âgistes ?
Cette communication vise donc, sur base de la littérature scientifique, à : (1) définir et préciser les concepts de maltraitance, d’âgisme et de vulnérabilité ; (2) discuter des interactions entre ces concepts en les appliquant à des vignettes cliniques issues directement du terrain belge ; (3) dégager, au travers de ces analyses cliniques, des pistes en termes de diagnostic de la maltraitance et d’adaptation de l’accompagnement pour répondre davantage aux besoins des intervenants sur le terrain.
REIACTIS est le Réseau d’Études International sur l’Age, la CitoyenneTé et l’Intégration Socio-économique. C’est une association régie par la loi du 1er juillet 1901 et a été créée en 2006. Elle a pour vocation de rassembler les chercheurs en sciences sociales travaillant sur la double thématique du vieillissement et de la citoyenneté.
Le réseau s’intéresse à ce titre au vieillissement au regard de l’intégration politique, sociale et économique des individus et des groupes sociaux auxquels ils appartiennent. Il porte des projets de recherches internationaux et organise des échanges, notamment à travers des séries de conférences ou de colloques.
